Il
nageait alternativement ►
|
|
La
bourrasque avait été féroce ►
|
Penchés
l’un vers l’autre ►
|
|
Elle
avait un petit sac rose ►
|
Tentant
d’envelopper sa progéniture ►
|
|
Il
était très grand ►
|
Elle
avait l’air résigné ►
|
|
Vous
revoir juste assez ►
|
Dans
le métropolitain ►
|
|
Poussée
par la circulation ►
|
|
Les
aurais bien peints ►
|
|
|
Le
capitaine de Château-Loup ►
|
|
|
Le
Dimanche ►
|
|
|
Levant
gracieusement les bras ►
|
|
|
Sous
le narthex de l’église ►
|
|
Il
astique son harmonica ►
|
|
|
Comme
un essaim d’orage ►
|
|
|
Elle
n’était ni belle ►
|
|
|
Il
avait la beauté ►
|
|
|
Elle
avait une robe longue et ample ►
|
|
|
|
Les
croque-morts ne sont plus en noir ►
|
|
|
Fous
les fous ►
|
|
|
Ses
mains sont comme des colombes ►
|
|
|
Ils
ont des costumes fatigués ►
|
|
|
Nous
avions rendez-vous ►
|
|
|
|
Élisabeth
►
|
|
|
La
séparation fut un déchirement ►
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|
|
Elle
était belle et triste ►
|
|
|
Allez-y
Angèle ►
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|
|
Le
couvreur aux pieds légers ►
|
Les
beautés sont en beauté ►
|
|
|
L’enfant
voluptueux ►
|
|
|
La
vouivre habite en face de chez moi ►
|
|
|
Trois
cyclistes ►
|
|
|
Les
jeunes beautés ►
|
|
|
|
Satan
a des slips noirs ►
|
|
|
L’autobus
est plein de petits princes ►
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|
|
Les
amantes ►
|
|
|
Elle
était comme un spectre ►
|
|
|
Il
est d’une humeur massacrante ►
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|
|
|
Deux
adolescents ►
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|
|
Cet
homme bien élevé ►
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|
|
Ils
sont plantés là en massif ►
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|
|
Il
dort ►
|
|
|
Dans
la Collégiale d’Ecouis ►
|
La
putain a les cheveux blancs ►
|
|
|
Un
homme entre deux âges ►
|
|
|
Elle
était d’une beauté rare ►
|
|
|
Vont
et viennent ►
|
|
|
La
belle avait lascivement ►
|
|
|
|
Cela
dura des mois ►
|
|
|
Il
était comme un juif errant ►
|
|
|
Les
Dames de Moïana ►
|
|
|
Ils
ont des gueules d’inquisiteurs ►
|
|
|
Rose
Reine Bouglione ►
|
|
|
|
Sous
la vasque de Mercure ►
|
|
|
Vingt-cinq
ans après sa mort ►
|
|
|
Sous
les toits de l’antique Sorbonne ►
|
|
|
Il
était triste et anxieux ►
|
|
|
Bientôt
dans chaque encoignure ►
|
Elle
descendit de son automobile ►
|
|
|
Dopés
jusqu’à la moelle ►
|
|
|
Elle
avait la grâce ►
|
|
|
Je
sus cette fois que je ne le reverrai pas ►
|
|
|
Par
l’amour de cette femme ►
|
|
|
|
Il
était d’une beauté confondante ►
|
|
|
De
l’autre côté de la table ►
|
|
|
Sous
l’auvent de l’abri d’autobus ►
|
|
|
Elle
était d’une beauté souveraine ►
|
|
|
Ils
étaient comme deux oiseaux ►
|
|
Elle
avait un pied magnifique ►
|
|
De
l’autre côté de la rue ►
|
Montent
au front ►
|
|
Il
n’était la beauté même ►
|
Dans
ce café de quartier ►
|
|
Lui
►
|
Elle
se jeta dans mes bras ►
|
|
Elle
était comme un bois flotté ►
|
Il
avait la peau ►
|
|
Dessous
le péristyle de la place Foch ►
|
|
Ame
et souffle du monde ►
|
|
|
La
douleur avait ce matin là ►
|
|
|
Elle
s’enveloppa ►
|
|
|
Le
kiosquier de la Placette ►
|
|
|
Harnachée
de cabas ►
|
|
|
|
Fernand
Léger l’aurait bien peint ►
|
|
|
Elle
était comme une ancienne reine de beauté ►
|
|
|
Il
avait les dents sortant vers le devant ►
|
|
|
Bien
droite ►
|
|
|
Assis
au milieu de nous ►
|
A
peine couverte ►
|
|
|
Cravate
sanglante ►
|
|
|
Montée
en tête de ligne ►
|
|
|
Elle
était à l’âge des chagrins ►
|
|
|
Mal
à l’aise sur la terre ferme ►
|
|
|
|
Sous
sa gabardine ordinaire ►
|
|
|
S’il
avait été ténor à l’Opéra
►
|
|
|
Elle
l’espérait ►
|
|
|
Dans
l’arrière-pays ►
|
|
|
Les
cheveux teints ►
|
|
|
|
Trop
grand ►
|
|
|
Par
tous les pores de sa peau ►
|
|
|
Porte
de Clignancourt ►
|
|
|
Scanner
►
|
|
|
Sur
le trottoir d’en face ►
|
L’aide-soignant
de nuit ►
|
|
|
Elle
avait été belle et fantasque ►
(nouveau)
|
|
|
Carmin
► (nouveau)
|
|
|
Sur
le terre plein devant l’église ►
(nouveau)
|
|
|
Son
bras seulement ► (nouveau)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
À
suivre
impérativement
►
|
|
|
|
Il nageait
alternativement
Sur
le côté et sur le dos
Ondulant
Louvoyant
Bifurquant
Changeant
brusquement de direction
Comme
ne le font pas les humains
Mais
les poissons
Et
on l’aurait cru tel
S’il
n’avait régulièrement
Sorti
la tête de l’eau
Pour
observer l’encombrement
Afin
de ne heurter personne
En
cette piscine
Qu’il
ne confondait aucunement
Avec
l’océan
Il
n’avait pas l’air féroce
Et
concentré
Qu’ont
les amoureux des sports nautiques
Forçant
certes le respect
Mais
non l’envie
Ni
l’arrogance des fils de Neptune
Commandant
aux eaux
A
la limite du ridicule
Il
s’agissait plutôt d’une symbiose
Défiant
toutes les catégories
Comme
les insectes en vol
Détournent
à leur profit
Et
contournent ainsi
La
pesanteur
Ce
nageur là
Etait
la beauté même
Moi-même
heureuse
En
la liquidité
Je
ne pouvais m’empêcher
De
le contempler
Toute
à la fascination
De
l’absolue altérité
Mais
il fallut bientôt
Détourner
le regard
Comme
je compris troublée
Qu’une
fois de plus
J’étais
en présence du sacré
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Penchés
l’un vers l’autre
Mes
beaux enfants
Refermaient
les grilles de la propriété
L’un
avait un vêtement
Bleu
électricité
Et
l’autre celui de nos vieilles équipées
Ils
revenaient des haies buissonnières
Et
portaient dans leurs mains
Le
produit des ronces fructifères
Retour
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|
|
|
|
Tentant
d’envelopper sa progéniture
Vigilante
vigie
Entre
ses épaules elle creusait le thorax
Pour
protéger son petit
Ou
sa petite
De
la pluie du vent du froid
De
la rue aux intempéries
Et
des passants errants
L’enfant
se tapissait dans l’habitacle
Comme
il pouvait
Trésor
inconscient
Mais
sur le visage inquiet de la mère
Entre
les rides déjà
On
voyait bien
Quel
miracle il était
Retour
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|
A75
Aire de l’Allier
Elle avait
l’air résigné
Des
épouses aimantes
Qui
préfèrent la tranquillité
A
la sauvegarde d’elle-même
Elle
tenait à la main
Un
petit sac transparent
En
plastique
Avec
les ingrédients
Du
pique-nique
Lui
portait
D’un
air martial
Une
glacière
Bleu
Roi
Ils
s’installèrent
Sur
la table en ciment
De
l’air de stationnement
Et
en un rien de temps
Se
remplirent
Sans
rires ni paroles
Ils
fonctionnaient
Tout
occupés à se tenir en vie
Retour
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|
|
|
|
Dans le
métropolitain
Un
musicien
Debout
contre le mât
Tenait
dans les bras
Sa
contrebasse
Comme
une belle endormie
Une
amoureuse lascive
Dont
il attendait l’éveil
A
la prochaine station
Mais
comme il n’avait pas de temps à perdre
En
attendant la répétition
Il
lisait
Tenant
de son autre main
Un
livre
La
tête légèrement inclinée
Comme
on le fait devant un maître
Vénéré
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Lycée
Siegfried
La
bourrasque avait été féroce
Et
les feuilles d’automne
Rousses
et recroquevillées
Jonchaient
du couloir
Le
pâle linoléum
Et
de la salle de classe
Le
parquet délavé
Le
tableau était poignant
Comme
au théâtre
A
la fin du drame
Le
décor
De
l’adieu las et fervent
Des
amants
Résignés
Sans
doute en était il ainsi
Car
au milieu des débris
Reliefs
funestes
Soufflés
par le vent de la cour
Et
du jour
Et
des temps
Dans
le bâtiment déserté
A
côté des arbres défoliés
Mes
élèves errants
M’attendaient
Splendides
ignorants
Retour
en haut de la page
|
Elle avait
un petit sac rose
Comme
on en offre aux petites filles
Ou
aux très jeunes filles
Elle
portait un costume pimpant
Avec
un corsage élégant
Elle
était bien coiffée
Et
soigneusement maquillée
Mais
regardant alternativement
Les
feux des voitures
Les
voitures et les feux
Elle
hésitait même au passage
A
traverser l’avenue
On
voyait à cela
Que
sa jeunesse était lointaine
Et
on en admirait davantage
Son
allure
Retour
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|
|
|
|
Il était
très grand
Et
son manteau de laine
Noir
et épais
Lui
battant les chevilles
Le
faisait paraître
Plus
grand encore
Engoncé
dans son écharpe
Doublement
nouée sous son menton
Alors
qu’il ne faisait pas froid
On
comprenait mal
Sa
tête découverte
Et
ses cheveux très ras
Son
regard d’aigle
Etait
sans cesse en alerte
Et
il tournait la tête
De-ci
de-là
Ce
n’était pas quelqu’un d’ici
Il
n’était pas assez à l’aise
Ni
même un voisin de l’Est
Rêveur
et mélancolique
Ni
non plus quelqu’un d’ailleurs
Car
il n’était pas exotique
Ce
n’était ni un truand ni un policier
Bien
trop visible pour cela
Ni
un artiste ni un commerçant
Trop
agité il n’aurait pas pu s’y tenir
Pour
un fou il était trop socialisé
Et
trop contrarié pour un ermite
Il
n’était pourtant pas menaçant pour un sou
Ni
non plus très réconfortant
Il
était
Et
c’était bien ainsi
Il
était
Et
cela était
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Vous
revoir juste assez
Pour
renouer
Avec
le déchirement
Procéder
dans la pénombre de votre vestibule
A
la cérémonie
N’importe
comment
Puisque
maintenant
Cela
n’a plus d’importance
Parce
que nous sommes désormais
Trop
au fait
L’un
de l’autre
Et
l’un et l’autre
Ensemble
De
nous-mêmes
Entendre
votre voix comme un oukase
Et
cela en est un
Prononcer
la locution
Bibliothèque
Nationale
Parce
que vous pensez
Que
ce qui a été
Doit
être
Et
non pas effacé
Me
donner le seul objet
Que
vous ne m’ayez jamais donné
Depuis
quarante ans que je vous fréquente
Et
fréquenter est bien le mot
Puisque
à l’origine
Il
signifie célébrer
Me
donner l’objet qui enfant
Vous
fascinait
Et
si ce n’est pas celui-là
Le
même
C’est
du moins son pareil
Celui
qui par sa fente
Ouvrait
au monde entier
Evoquer
avec vous la tragédie
Qui
nous lie
Et
nous relie
Vous
par l’absence
Et
moi dans la re-création
Vous
entendre inspirer
Au-delà
de la mesure
Pour
retenir en vous en propre
Vos
propres sanglots
Et
ensuite
Parce
que sinon cela ne serait pas
Me
retrouver seule dans la rue
Dehors
Avec
cette sensation
Que
je connais si bien
Celle
d’une irradiation
D’abord
indolore
Avant
qu’elle devienne
Au
fil de la marche et du temps
Une
chaleur absolue
Et
une brûlure extrême
Retour
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|
Poussée
par la circulation
La
circulation même de l’air et du vivant
Debout
à la terrasse
Du
Canyon Bar
Au
Centre Ville
Dans
cette bourgade de garnison
Entre
la colonnade
Et
le parking
Les
pieds dans la conque
De
ses sandales
Inconfortables
Et
bon marché
Voguant
de table en table
Comme
une Vénus
Née
du souffle de Botticelli
Ses
fesses généreuses
A
l’étroit
Dans
une longue jupe kaki
Elle
prenait les commandes
Sa
vaste chevelure blonde
Frôlant
les clients
La
poitrine à l’air
Débordant
de son débardeur noir
Plus
que moulant
On
l’aurait cru
L’œuvre
d’un peintre
Tableau
retrouvé dans un grenier
Un
jour de grand déménagement
Toile
retournée
Sans
excès de ménagement
N’eut
été au revers de son épaule
Tatouée
de feu et d’encre
Crachant
et rutilant
Obscène
et éructant
Un
dragon
Les
ailes toutes ouvertes
Dans
le vent
Retour
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|
|
|
|
Les aurais
bien peints
Les
beaux aimants
Si
peinteresse
J’avais
su peinturlurer
Les
aurais bien peints
Lui
l’homme
A
la chemise fauve
Or
et écarlate
Et
elle la femme
A
la robe à fleurs
Fleurement
fleurie
Les
aurais bien peints
Les
beaux aimants
Si
peinteresse
J’avais
su peinturlurer
Mais
las
Ne
l’a pas voulu
Jalouse
L’amère
Divinité
Retour
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|
|
|
|
Le
capitaine de Château-Loup
Dort
tout seul au fond d’un trou
Sous
des mètres de terre
Et
de nuages
Il
est parti rejoindre
Les
ossements incertains
Des
ancêtres certains
Les
lettrés penchés sur leurs grimoires
Les
funambules en abîme sur le vide
Les
dandys épuisés d’avoir trop rusé
Et
les enfants effrayés
De
s’aventurer seuls
Dans
l’éternité
Retour
en haut de la page
|
Le
Dimanche
Les
footballeurs
S’en
vont foutant
Les
couples
S’en
vont flirtant
Et
les vieillards
S’en
vont peinant
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Levant
gracieusement les bras
Au
dessus d’elle
Elle
tirait vers elle les volets
La
tête tournée en arrière
Pour
répondre à son enfant
Qu’elle
couchait
Comme
la fin du jour s’annonçait
Passant
dans le couloir
Je
vis la scène
On
aurait dit le tableau d’un grand maître
Retour
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|
|
|
|
Au
Monastère
Sous le
narthex de l’église
Devisent
les saintes femmes
Elles
évoquent
Les
provisions de pain
Et
les soins à donner
Au
père abbé
Infirme
et vieillissant
Sous
le narthex de l’église
Les
saintes femmes
Ne
sont pas si saintes
L’aînée
partie
La
plus jeune allume une cigarette
Son
sac à dos ficelé à son côté
Et
rêve
En
buvant son café
Sous
le narthex de l’église
Bascule
la vie d’une sainte femme
En
religion bientôt
Elle
sera sœur Marie
Retour
en haut de la page
|
Il astique
son harmonica
Comme
un tueur son flingue
Un
prisonnier son chibre
Un
amoureux ses mots
Il
astique son harmonica
Mais
il n’en joue pas
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
La
menace
Comme un
essaim d’orage
Ils
étaient là
Jeunes
Dans
les couloirs
Abeilles
bourdonnantes
Guêpes
fétides
Frelons
menaçants
Djinns
Métalliques
et apocalyptiques
Entourant
Harcelant
Insultant
Le
visage pâle errant
Le
poursuivant
Le
chahutant
Le
molestant
Léchant
avidement
Ses
suintements
Et
d’angoisse et d’horreur
Butinant
sa peur
Absorbant
Goulûment
Les
écoulements puants
De
l’humiliation et de la compromission
Pour
en faire un jour
Le
miel
De
leur insurrection
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Elle
n’était ni belle
Ni
laide
Royale
quand même
La
peau sombre
La
chevelure plus noire encore
Venant
sans doute d’un lieu
Dont
on était sans nouvelles
Une
de ces îles
Où
on concassait encore la tête
Aux
prisonniers
Avec
des massues sculptées
Qu’on
s’arrachait ici
Chez
les marchands spécialisés
Elle
n’était ni belle
Ni
laide
Royale
quand même
La
tête engoncée
Dans
un chandail grège
Très
ordinaire
Une
longue jupe
En
toile épaisse et bleuâtre
La
couvrant jusqu’aux pieds
Serrant
contre elle
Des
sacs en plastique
Tout
pleins
Du
strict nécessaire
Elle
n’était ni belle
Ni
laide
Royale
quand même
Avec
dans le regard
Un
je ne sais quoi
D’exilé
Qu’on
aurait dit
D’écumes
et de vagues
Si
elle n’avait pas
Sur
la banquette d’autobus
De
la ligne Petite Ceinture
Eté
si carrément
Callée
Retour
en haut de la page
|
Il avait
la beauté
Sombre
et ténébreuse
Des
héros romantiques
La
chemise blanche
Ouverte
sur son poitrail de fauve
Son
manteau noir épais
Répandu
Abandonné
au monde
Le
pantalon rayé
Comme
en portent au théâtre
Les
dandys
Chez
Musset et Hugo
La
barbe très noire elle aussi
Sous
des cheveux assortis
Ses
yeux à l’avenant
Jetant
des étincelles
Sur
le siège
Il
occupait deux places
Non
par défi
Ou
par laisser-aller
Mais
pour être plus à l’aise
Pour
rêver
Ce
qu’il faisait intensément
Propageant
à la ronde
Un
analogue songe
Il
avait fière allure
En
tous points parfait
Jusqu’au
châle tricoté
Gris
perle
Un
peu vieillot
Comme
on en voyait
Dans
ma jeunesse
Chez
les vieilles
Il
avait dû lui être donné
Par
une femme
Négligemment
noué
D’une
façon savante
Afin
de laisser voir
Les
poils de son thorax
Il
l’arborait ostensiblement
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Elle avait
une robe longue et ample
En
velours noir
Comme
en ont sur la scène des théâtres
Les
vierges
Qui
n’ont pas trouvé preneurs
Elle
avait carré sa majestueuse pesanteur
Sur
le haut d’un haut tabouret
Et
accoudée en face de moi
De
l’autre côté de l’établi
Travaillait
de la terre bleue
Un
peu plus claire que la mienne
Nous
faisions barbotine commune
Elle
racontait de ses neveux et de ses nièces
Les
menus faits de leurs vies quotidiennes
Et
on faisait l’effort de l’écouter
Parce
qu’elle était touchante
Dans
sa simplicité
Autrefois
on l’aurait dit simplette
Mais
dans cet atelier minuscule
Au
sous-sol d’un hôtel particulier
Où
se mêlaient les mains et les rêves
Les
cœurs ne pouvaient pas
Longtemps
s’ignorer
Car
c’étaient eux
Qui
impulsaient les formes
Et
dans cet art de la céramique
Dans
lequel je n’étais plus une débutante
Mais
pas encore tout à fait assurée
Elle
était depuis longtemps
Une
vieille routière
Plus
que chevronnée
Comme
je me colletais
Courageusement
Avec
une grande idole
Dont
je voyais jaillir
Entre
mes doigts
Envers
et contre moi
Le
corps tourmenté
Elle
peaufinait à l’aise
L’anse
d’une saucière
Alambiquée
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Cimetière
de Soissons
Les
croque-morts ne sont plus en noir
Mais
en bleu pétrole
C’est
la Révolution Cybernétique
Tout
fond
Tout
glisse
Tout
lisse
Les
croque-morts ne sont plus en noir
Mais
en gris informatique
C’est
la modernisation
Attention
Un
signe de trop
Et
fragile
La
mort s’éclipse
Laissant
les chairs désorientées
S’égarer
Dans
les cieux désertés
Retour
en haut de la page
|
Fous
les fous
En
sarabande
Se
suivant
Avançant
Ou
reculant
En
s’aimant
Se
haïssant
Se
pinçant
Se
caressant
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
La
Causeuse
Ses mains
sont comme des colombes
Qui
s’agitent et s’envolent
Reviennent
et virevoltent
Dans
un sens et dans l’autre
Montrent
traversent et tournoient
Versent
et se renversent
Quêtant
affolées les moyens d’habiter
Les
failles quadrillées de l’espace illimité
Ses
longues boucles d’oreilles
De
nacre et de métal
Descendant
bien bas
Sur
son pull-over noir
Austère
et secret
Contrepoint
rengainé
De
son visage figé
Mais
les doigts volatiles
Nuage
diaphane de paroles digitales
Démentent
pathétiquement
Cette
volonté sévère
De
maintenir coûte que coûte
Quoi
qu’il en coûte
Le
plus dur
Des
ordonnancements
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Colloque
Ils ont
des costumes fatigués
Et
des calvities plutôt sévères
Des
sacoches patinées
Et
des lunettes esthétiques
Hiératiques
Ils
ont les corps délacés
Et
des idées à vérifier
Professeurs
patentés
Serviteurs
installés
De
Notre Très Sainte Mère
L’Université
Retour
en haut de la page
|
Nous
avions rendez vous
Au
lieu-dit
A
l’heure dite
Je
la vis venir de loin
Raide
et froide
Mais
j’en avais l’habitude
Ses
lunettes de soleil
Durcissant
encore
Un
faciès
Déjà
dur
Désormais
devenu avec l’âge
Presque
un masque
Je
ne m’arrêtais pas
A
si peu
Toute
à mon affection
Vieille
de plus de quarante ans
Je
lui fis un petit signe
Auquel
elle ne répondit pas
Je
ne m’en offusquai pas
Grande
fille maintenant
Il
en était bien temps
Comme
elle traversait la rue
Je
m’avançai vers elle
Et
lançai quand elle passa à ma hauteur
Un
joyeux
Salut
ma belle
Auquel
elle ne répondit pas
Je
la regardai médusée
Continuer
son chemin
Comme
si je n’existais pas
Vaguement
soupçonneuse
Je
scrutai le bas de son visage
Et
son regard
Derrière
les lunettes
Ce
n’était pas elle
J’éclatai
de rire
Cueillant
sur un visage anonyme
Un
sourire complice
Et
réjoui
Retour
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|
|
Elisabeth
Tête
baissée
Fonce
au lycée
Pas
pressé
Habillée
Pomponnée
Verrouillée
Retour
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|
|
|
Taxi
La
séparation fut un déchirement
Il
avait l’air d’un chauffeur de taxi
Et
moi d’une cliente arrivée à bon port
C’était
tout à fait cela
Mais
pas du tout cela
Il
m’avait quatre années durant
En
Ile de France
Compteur
tournant
Emmenée
entre routes et champs
Jusqu’à
un lieu somptueux
Et
retiré
Visiter
des corps souffrants
Qui
m’étaient toujours chers
Ceux
de mes géniteurs
Qu’en
dépit des difficultés
Je
n’avais pas abandonnés
Ni
même relégués
Il
avait partagé avec moi
La
tension de l’aller
Et
le soulagement du retour
Puis
l’habitude aidant
Plus
que la tension
Le
soulagement
Mais
aussi
L’absence
d’amertume
Face
aux liens brisés
Ou
pire
Ceux
qui ne s’étaient jamais noués
Déni
de filiation
Défaut
de la cuirasse
N’empêchant
pas
Le
rire
Et
la sérénité
Et
ce
Par
tous les temps
Il
connaissait le chemin par cœur
Et
je me laissais conduire
Sans
plus rien indiquer
Comme
le trajet était long
Et
que nous le faisions souvent
La
conversation s’était étoffée
Et
nous nous étions découverts
Tous
les deux
Enfants
perdus et déclassés
Par
l’implacable air du temps
Lui
conduisant des clients
Dans
sa presque limousine
Et
moi surveillant un bagne
Dont
j’étais submergée
Tous
les deux
Traversant
avec constance
La
quotidienne mort
Pour
résister encore
Il
était d’une beauté suprême
Et
dans cet univers païen
Mars
et Venus avaient fait le reste
Las
C’était
maintenant la fin
Il
s’arrêtait
L’âge
venu
Licence
vendue
Et
partait vers d’autres cieux
Où
on ne se verrait plus
Je
payais le prix
Qu’on
avait
Par
jeu
Grand
seigneur de part et d’autre
Fixé
toujours à cent euros
Gagnant
à tour de rôle
L’un
contre l’autre
Et
ensemble
Sur
les contingences
De
la réalité
Qui
n’était pas parvenue
A
nous broyer
Lui
à son volant
Et
moi devant la porte
Lui
comme un chauffeur de taxi
Partant
vers d’autres courses
Et
moi comme une cliente arrivée à bon port
Nous
nous fîmes un geste de la main
Pas
seulement l’au revoir des enfants
Ou
l’à bientôt des amis
Mais
l’adieu bouleversant
Des
presque amants
Retour
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|
Elle était
belle et triste
Dans
ce café discret
Son
béret orange bien droit
Sur
sa face placide
Elle
m’émut dans les tréfonds de l’être
Juste
avant que je découvre
A
quel point je l’aimais
Retour
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|
|
|
|
Eté
studieux
Je pense à
vous mes angelots
A
Palavas-Les-Flots
Je
pense à vous mes angelots
A
Palavas
Sur
le sable
Et
les flots
Je
pense à vous mes angelots
A
Palavas-Les-Flots
Sur
la vague
A
Palavas
Le
sable
Et
l’eau
Retour
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|
|
|
|
Porte
de Champerret
Allez-y
Angèle
Dit
la patronne
A
l’employée
Plus
âgée qu’elle
Chez
Léonidas
Avenue
de Villiers
C’est
Noël
Et
chocolat
Les
boîtes débitent
Au
dessus du tiroir-caisse
Qui
cliquette
La
queue s’allonge
Sur
le trottoir
On
se presse
On
s’oppresse
Allez-y
Angèle
Dit
la patronne
Pour
accélérer le mouvement
Et
éviter l’engorgement
Retour
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|
Pays
de Bray
Le
couvreur aux pieds légers
Vole
de toit en toit
Ardoise
Ma
mie
Ne
glisse pas de mes doigts
Mais
mets toi là
Et
tiens-toi
Retour
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|
|
|
|
Les
beautés sont en beauté
Exsudant
toute leur féminité
Parées
de leurs plus beaux atours
Elles
ont sorti tous leurs appâts
A
l’entour
Elles
sont au bras de compagnons
Amants
braves et sereins
Danseurs
dignes dans leurs vestes
Valse
musette accordéon
De
pontons en guinguettes
A
Joinville le Pont
Les
beautés sont en beauté
C’est
Dimanche au bord de la Marne
On
va chez Gégène
Ou
Au Petit Robinson
Retour
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|
|
|
|
Vezins
du Levézou
L’enfant
voluptueux
Caresse
la colonne
Du
lit à baldaquin
Main
sur bois
Doigt
sur cire
Rêve
sur rêve
Retour
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|
Vis
à vis
La vouivre
habite en face de chez moi
De
l’autre côté de la rue
Au
premier étage
Dans
un immeuble très bourgeois
Au
dessus de sa jardinière
De
géraniums prolifiques
Les
capucines grimpantes grimpent
Arborant
tous leurs jaunes
Oranges
Beiges
jaunasses et orangés
Le
chèvrefeuille occupe
Comme
il peut
Tout
le reste de l’embrasure
Coulant
à flots
Au
dessus de la grande porte cochère
Son
installation végétale
Force
en tous points l’admiration
Dès
qu’il pleut
Elle
ouvre sa fenêtre
Et
s’accoude
Batracienne
éperdue
Gonflant
sa gorge
Au
fluide vital
Je
fais de même
Et
nous nous sourions
Retour
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|
|
|
|
Trois
cyclistes
Sont
passés
Parlaient
de Cap Horn
Et
de vent assassin
Trois
cyclistes
Sont
passés
Fronts
baissés
Cœurs
fermés
Retour
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|
|
|
|
Séminaire
Les jeunes
beautés
Ont
le visage fatigué
C’est
la fin de l’année
Les
jeunes beautés
Ont
les traits tirés
Retour
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|
Satan a
des slips noirs
Au
nom des couturiers
Le
tissu collant
Tient
ses génitoires bien serrés
Il
ne s’agirait pas
Que
sa semence s’éparpille
Et
tombe dans des lieux
Où
le malheur ne germerait pas
Retour
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|
|
|
|
Beaux
Quartiers
L’autobus
est plein de petits princes
Sortis
à quatre heures
Du
Parc Monceau
Et
montés
Dans
le quatre-vingt-quatre
A
l’arrêt Murillo
Ils
sont blancs
Dans
leurs costumes
Uniformément
Leurs
costumes
Bleu
marine
Pareillement
Accompagnés
de leurs nurses
Etudiante
désargentée
Asiate
dépaysée
Toutes
également
Discrètes
Efficaces
Et
stylées
Ils
tiennent à la main
Les
gros goûters
Qu’on
vient juste
De
leur apporter
Ils
parlent sans faute
Et
rient sans éclats
N’occupent
pas toutes les places
Et
se saluent gentiment
En
se quittant
L’autobus
est plein de petits princes
Charmants
et babillant
Qui
se retrouveront
Main
dans la main
Le
lendemain
Leur
école est un hôtel particulier
Et
à la récréation
Ils
jouent dans les allées
Retour
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|
|
|
|
Les
amantes
Tendent
leurs visages avides
Vers
les aimés
Qui
se reculent
Distants
Et
prévenants
Retour
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|
Elle était
comme un spectre
Joliment
arrangé
Toute
son énergie consacrée
A
offrir à autrui
Un
pourtour savamment agencé
Elle
attaqua mon physique
Et
ma pensée
Pas
mon œuvre tout de même
Car
elle savait cela sans retour
Piétinant
Tout
ce qu’elle pouvait piétiner
Elle
était comme un spectre
Joliment
arrangé
Destituant
d’une phrase
Chacune
des miennes
Tirant
sur tout ce qui vivait
Aimait
Bougeait
Ou
simplement respirait
J’abrégeai
la rencontre
Qui
ne pouvait avoir lieu
Elle
était comme un spectre
Joliment
arrangé
En
un peu plus toxique
Retour
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|
|
|
|
Il est
d’une humeur massacrante
Il
va me massacrer
Retour
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|
|
|
|
Avenue
Niel
Deux
adolescents
A
l’arrêt d’autobus
S’efforçaient
de s’aimer
Comme
les Grands
Elle
avait un look d’enfer
Avec
un chapeau de paille
Digne
au théâtre
D’une
représentation
D’Un
mois à la campagne
Lui
La
peau mate
Avec
des boucles sombres
S’était
modernisé
D’un
collier en terre cuite
Ils
s’appliquaient ce matin là
A
garder
Dans
le soleil levant
La
bonne distance
N’étant
ni trop proches
Ni
trop lointains
Et
tentant
Comme
on le voit dans les téléfilms
D’entrecroiser
en gros plans
Leurs
répliques
Sans
chevauchement
Mais
la pesanteur charnelle
Qui
les poussait l’un vers l’autre
Rendait
difficile
Un
jour d’été
Cet
exercice par trop raisonnable
Le
flot aqueux
Qui
les parcourait souterrain
Irriguait
la rue
Tout
à l’en tour
Moi
qui aurais pu
Etre
leur grand-mère à tous les deux
Les
surplombant
Depuis
l’autobus stationné
J’en
fus toute ressourcée
Retour
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|
Cet homme
bien élevé
A
l’air exaspéré
Délivre
son épouse
D’un
vêtement cintré
Rigide
et encombrant
Chevalier
servant
D’une
femme servie
A
si bien faire semblant
Il
en est émouvant
Retour
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|
|
|
|
Ils sont
plantés là en massif
Sur
le rond-point bombé
Comme
les fleurs cultivées
Par
leurs jardiniers
Sur
le parterre du carrefour
Aménagé
tout au bord
De
l’Aéroport
Du
Bourget
Ouvrant
tout grand
Leurs
corolles
Au
vent nouveau de la technique
Spectateurs
clandestins
Du
Salon de l’Aéronautique
Scrutant
par-dessus le grillage
En
fraude et en extase
La
prouesse électronique
L’extrême
vol métallique
Des
grands oiseaux
Tout
blancs
Retour
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|
|
|
|
Il
dort
Plein
de songes et de mort
Devant
l’écran bleuté
Cathodique
et maléfique
La
guerre fait rage
La
terre est dévastée
Dedans
le grand fauteuil
Il
rêve
Catholique
Désaffecté
Retour
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|
Dans la
Collégiale d’Ecouis
Cette
année là
On
mariait Petit Cousin
Entre
boiseries et chapeaux
Les
bouquets embaumaient
Et
les cierges illuminaient
La
gorge commune recueillie
Modulait
cantiques et psalmodies
En
lentes vibrations
Sous
la voûte
Le
chant ecclésial s’élevait
Tournoyant
sous les briques et les pierres
Entre
le Vexin normand et français
Perché
sur la rosace
Contre
le bleu céleste
Un
oiseau en mesure
L’accompagnait
Retour
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|
|
|
|
Distique
de la rue
La putain
a les cheveux blancs
La
putain à cheveux teints
Retour
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|
|
|
|
Un homme
entre deux âges
Et
une chienne sur le retour
Ne
vivaient plus
Que
l’un par l’autre
Ne
vivaient plus
Que
l’un à l’autre
Elle
suiveuse suave
Suivante
et suante
Dégoulinante
D’aimance
affective
Lui
la repoussant
Sans
haine affectée
Comme
une serviette mouillée
En
attendant
Qu’elle
ait séché
Retour
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|
Elle était
d’une beauté rare
Visage
de porcelaine
Cheveux
de jais noirs
Assourdis
encore par une teinture sombre
De
grands yeux bleus
Qu’aurait
aimés Matisse
Ou
Picasso
Une
bouche rouge
Repeinte
à l’écarlate
Emergeant
d’une robe à résille
A
damner les poètes
Je
la contemplai longuement
Dans
le silence
Des
heures durant
Rêvant
à l’œuvre qui en naîtrait
Las
Au
déjeuner
Elle
s’adonna
A
la violence
Et
à la méchanceté
Bouleversée
Ma
création avorta
Retour
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|
|
|
|
Vont et
viennent
Ames
en peine
Têtes
baissées
Humiliés
Retour
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|
|
|
|
La belle
avait lascivement
Remonté
les volets
Et
ouvert sa fenêtre
Pour
apparaître
Encore
un peu ensommeillée
Dans
la lumière blanche
De
la cour
Elle
arborait un peignoir
Comme
on en voit
Dans
les journaux de mode
Plus
fait pour se montrer
Que
s’activer
Elle
se mouvait lentement
Peu
pressée d’aborder
Les
difficultés de la journée
Lesquelles
ne pouvaient être
Etant
données sa maîtrise
Et
son allure
Que
des désagréments
Retour
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|
Cela dura
des mois
Quelques
années
Ils
se retrouvaient le matin
Dans
l’autobus de sept heures trente
Tous
les jours ouvrables
Les
jours ouverts
Les
jours ouvrés
Il
l’attendait à l’arrêt
Debout
au bord du rebord
Du
Boulevard de Courcelles
Comme
elle venait de bien plus loin
De
la Place des Ternes
Ou
encore de plus haut
De
la colline du Trocadéro
Comme
le véhicule ralentissait
A
l’annonce de la rencontre
Sous
la tente de l’attente
Elle
scrutait le trottoir
Souriant
dès qu’elle l’apercevait
Sûre
de son bonheur
Et
de son pouvoir
Lui
montant radieux
Illuminait
à lui seul tout le couloir
N’ayant
d’yeux que pour elle
Il
se jetait sur la banquette
Vide
à cette heure là
Et
assis en face d’elle
Penché
Courbé
Lui
baisait les mains
Fervent
Eperdu
S’attardant
sur elles
Comme
si le sort du monde en dépendait
Et
pour lui au moins c’était sûr
Il
en dépendait
Car
tous les jours il recommençait
Et
ensuite
Mais
ensuite seulement
Un
moment après
En
se redressant
Il
l’embrassait sur les deux joues
Comme
une amie
Comme
une femme
Comme
une maîtresse
Après
qu’il eut
Dans
les cieux entrouverts
Vénéré
la déesse
Retour
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|
|
|
|
Boulevard
Serrurier
Il était
comme un juif errant
Ne
se sentant plus ni juif
Ni
errant
S’accrochant
à deux mains
A
la canne
Qu’il
tenait devant lui
En
avant
Loin
du sol
Le
regard éperdu
Perdu
Dans
le vague
Dans
la brume
Dans
le froid
La
froidure
La
solitude
Et
l’angoisse du monde
Incréé
Il
était accompagné
D’une
femme
D’une
fille
Une
nièce
Une
amante
En
tous cas une amoureuse candide
Qui
légèrement inclinée contre lui
Le
convoyait muette
Le
poussant dans la bonne direction
Bouvière
résignée
Témoin
d’humanité
Il
était comme un juif errant
S’avançant
hagard
S’accrochant
à deux mains
A
la canne
Qu’il
brandissait devant lui
Comme
un sésame
Pour
fracturer la nuit
Retour
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|
|
|
|
Les Dames
de Moïana
Arpentent
les couloirs
La
peur aux seins
L’angoisse
au ventre
Ne
font mine de rien
Mais
ne pensent qu’à cela
Elles
attendent les prélèvements
Quêtant
les résultats
Scrutent
les écrans
Détournant
le regard
D’un
air indifférent
Pour
trouver en elles-mêmes
Réconfort
et bien-être
Pour
le cas échéant
Affronter
La
nouvelle
Cachant
leur tragédie
Dessous
cet euphémisme
Les
Dames de Moïana
C’est
ainsi qu’on les nomme
Hantent
l’hôpital
Du
Pavillon de Jour
Au
bâtiment axial
Retour
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|
Ils ont
des gueules d’inquisiteurs
Pleins
de haine et de méchanceté
S’apprêtant
à torturer
Non
par plaisir
Mais
par nécessité
Retour
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|
|
|
|
Rose Reine
Bouglione
Fait
ses débuts de contorsionniste
Sous
l’épais chapiteau rouge
De
toile rouge
D’un
cirque de poche itinérant
Errant
Entre
les terrains vagues de la ville
Coincé
cette fois
Entre
les boulevards des Maréchaux
Et
le Périphérique
Sale
et miséreux
Le
lieu fait peine à voir
Elle
a six ou sept ans
Rose
Reine dans son costume
Lie
de vin
Deux
pièces à sa taille
Vêture
minimum et même
Presque
un peu moins
En
dépit de la bordure de dentelle
Qui
ne cache rien
De
ce très jeune corps extrême
Tout
de beauté et de flexibilité
Sa
compétence et sa technique
Son
enthousiasme encore bien plus
Forcent
tellement le respect
Que
face à ce prodige
Volant
et voletant au trapèze
Au-dessus
d’un impérial tapis
Aux
couleurs pâles et suaves
On
détourne les yeux
Mais
non pas les oreilles
Car
les cris de sa famille
Nombreuse
et chamarrée
L’encouragent
sauvagement
Et
se frayent un chemin
A
travers le monde clos des spectateurs
Installés
sur les banquettes
De
bois
On
pense à l’imposant Cirque d’Hiver
A
la polychromie tenace
Que
dirige sa parentèle d’oncles
Et
à tous ses ancêtres
Les
arrière ceci et les arrière cela
Depuis
le premier montreur d’ours
Jusqu’aux
spots électroniques
Et
aux tigres blancs
Retenus
par de hautes cages
Rose
Reine Bouglione
Fait
ses débuts de contorsionniste
Au
cirque Romanès
Et
ne se demande pas encore pourquoi
Son
père à elle
En
homme libre
A
renoncé un jour
Au
confort
Et
à la sécurité
Choisissant
sans lui demander son avis
De
l’entraîner avec lui
A
la poursuite du vent
Retour
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|
|
|
|
Villa
Médicis
Sous la
vasque de Mercure
Agenouillée
dans la matrice du jardin
Elle
regarde derrière la grille
Le
corridor obscur du jardin
Donnant
sur le pavement du vestibule
Les
grandes lèvres des portes
S’entrouvrent
sur le cloaque de la ville
Mais
elle ne veut pas quitter le corps de pierre
Car
elle ne sait comment dire
Au
nom du manque
Retour
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|
Vingt-cinq
ans après sa mort
J’appris
qu’il avait été pêcheur
A
la barque et à l’épervier
Sur
la rivière en contrebas
Entre
les flots du Tarn
Coulant
de vignes en amandiers
C’était
donc cela
Le
cœur de sa sereine gravité
Qui
tant de fois
M’avait
tant de jours et tant de fois
Attirée
tant de fois
Chez
ce célibataire taiseux
Comme
j’étais moi-même
Encore
jeune et toujours enflammée
Une
génération nous séparait
Mais
dans le haut de ce haut village
Entre
les grottes et les oiseaux
Dans
le cœur du creux du rocher
Des
deux côtés du même mur
Lourd
et irrégulier
De
toutes les pierres ocres et rosées
Qu’en
ce lieu depuis longtemps sédimenté
La
terre aride avait secrétées
Nous
nous aimions
D’un
amour singulier
Et
pourtant
Je
le connaissais à peine
Sauf
de temps à autre
Au
gargouillement de son évier
Car
servitude des lieux
L’eau
à découvert
En
coulait dans ma cour
Pas
même mitoyenne
La
quantité d’un seau à peine
Qu’il
allait chaque jour
Chercher
à la fontaine
Pour
lui-même et sa mule
Dont
je guettais pour me rendre à moi-même
Le
bruit sourd du sabot
Frappant
hiératique
Le
sol meuble de son écurie
Horloge
chaotique
A
ponctuer le temps
Lui
ne m’entendait pas
C’est
ce qu’il me dit un jour
Au
cours d’un long et unique discours
Dans
lequel il m’expliqua prolixe
Mystère
préhistorique
Tout
le bien qu’il pensait de moi
Retour
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|
|
|
|
Sous les
toits de l’antique Sorbonne
La
Vieille
Comme
on la désigne maintenant
Pour
la différencier de ses excroissances
Nombreuses
et variées
Fragmentées
Disséminées
Dans
le quartier ou ailleurs
A
côté ou plus loin
Fleurissent
les vasistas
Les
chiens assis
Les
stores rayés
Les
portes en bois
Les
vitres à petits carreaux
Les
gouttières et les frontons sculptés
Les
urnes de guirlandes ornementales
Les
oeils de bœuf monumentaux
Dont
on s’étonne de les voir placés si haut
A
contempler le ciel
Les
échelles grimpant raides contre les cheminées
Les
balustrades de fonte ou de pierre
Et
les toitures en zinc
Camaïeu
de gris sur les briques empilées
Sous
les ardoises alignées
On
ne voit pas les tuiles qui détonneraient
Sous
le paratonnerre arrogant
Singulier
Comme
le pavillon provoquant
D’un
fort encore tout prêt
A
engager l’ultime combat
Sous
les toits de l’antique Sorbonne
La
Vieille
Comme
on la désigne maintenant
Entre
pavé et oiseaux
Le
Séminaire rêve.
Retour
en haut de la page
|
|
|
|
Acupuncture
Il était
triste et anxieux
Tout
seul dans le vaste appartement
Où
d’habitude ils étaient quatre
A
exercer leur ministère
La
secrétaire elle-même
Ce
jour là
N’était
pas là
Et
les écrans d’accueil
Obstinément
obscurs
La
déréliction suintant de partout
Et
je me refusais à croire
Qu’il
n’était venu que pour moi
Il
procéda aux gestes professionnels
S’efforçant
d’officier
Entre
son tensiomètre
Et
ses aiguilles
Il
renouvela la liste des médicaments
Ajoutant
à ma demande
Pour
mes lèvres
Un
baume contre les gerçures
Les
mots retenus gonflaient le silence
Et
pour colmater la digue qui menaçait de se rompre
Je
verbalisai pour deux
L’horreur
du monde
Et
la froideur de la saison
Retour
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|
Bientôt
dans chaque encoignure
Sous
chaque abri
Une
masse agglomérée de cellules
Et
de chairs vivantes
De
sacs informes
Et
de paquets résignés
Terrorisés
Retour
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|
|
|
|
La
vétérinaire
Elle
descendit de son automobile
Un
flacon à la main
Les
glissières de sa salopette
Entrouvertes
Elle
parla de la beauté du mois de Juin
Des
herbes hautes
Et
des champs pas encore moissonnés
Sans
doute la seringue
Etait-elle
dans sa boîte
Tout
au fond de sa poche
Car
comme l’éleveur
Disant
C’est par ici
Lui
indiquait au-delà du portail
Le
chemin du bétail
Pour
honorer le rendez-vous vaccinal
Elle
répondit simplement
Je
vous suis
Retour
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|
|
|
|
Tour
de France 2009
Dopés
jusqu’à la moelle
Les
oreilles bouchées par les oreillettes
Pour
recevoir les ordres des managers
Et
les exécuter sans barguigner
Machines
pédalant machinalement
Sur
leur autre machine
A
chaîne et à roues
A
roues et à chaîne
A
roue
A
roue
Faisant
corps
Au
milieu des publicités
Des
maillots
Des
casquettes
Des
banderoles
Les
hommes sandwiches cybernétiques
Atteignant
le haut du Mont Ventoux
S’élancent
un à un vers le ciel
La
foule en extase les acclame
Car
c’est bien cela qu’elle vient voir
L’animal
s’arrachant aux fourrés
Aux
haies et aux vallées
Pour
sans états d’âme
Muter
en fusée.
Retour
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|
Elle avait
la grâce
Qu’on
voit aux ballerines
Sur
les scènes des théâtres nationaux
Son
jean et son tee-shirt
Lui
servant de tutu
Ses
ailes déployées
Ouvertes
à tout venant
Montrant
qu’envoyée chez les Humains
Elle
n’en demeurait pas moins
La
messagère des dieux
Exposant
à la terrasse du restaurant
Sa
beauté surhumaine
Elle
circulait de table en table
Pour
y déposer un à un
Les
petits paniers bien rangés
Arrangés
Alignés
A
intervalles réguliers
Suspendus
par leur anse
Dessus
ses avant-bras
Habitacles
de métal
Contenant
moutarde sel et poivrier
Comme
au matin de Pâques
A
la messe
Les
œufs sacrés
Impossible
de le nier
On
avait bien affaire
A
une serveuse stylée
Au
restaurant sous les arcades
Elle
était employée
Et
illuminait à elle seule
Cet
été là
Toute
la place du Marché
Retour
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|
|
|
|
Je sus
cette fois que je ne le reverrai pas
Il
était comme un fou
Au
milieu
Coulant
de lui
Des
reliefs de sa vie
Assis
devant sa table de nuit renversée
Celle
de son enfance me dit il
Qu’il
s’efforçait en bibliothèque
De
transformer
Utilisant
la porte démontée
Pour
cacher le Minitel
Auquel
il pensait que ressemblaient désormais
Les
ordinateurs
Dont
il avait entendu parler
Il
avait derrière lui une lampe vulgaire
Singeant
le bon goût de la préciosité
Il
m’en vanta la beauté
Il
disait n’importe quoi
Que
je m’efforçais d’interpréter au mieux
Lui
donnant la réplique
Comme
aux beaux jours d’autrefois
Le
cœur y était bien
Mais
l’esprit se dérobait
Le
sien fuyant sans cesse
Et
le mien s’inquiétant
C’était
peine perdue
Il
sautait d’une idée à l’autre
Incapable
de les relier
Et
encore moins de les articuler
Dans
cet automne splendide
Pareil
à l’été triomphant
Mon
amour à la peine se résignait déjà
Ses
mèches blanches
Qui
m’avaient tant séduite
Annonçaient
bien l’hiver
Il
neigeait déjà dans sa vie finissante
La
chaleur de nos paroles
N’était
pas suffisante pour renverser
Le
cours du temps
Le
séjour amiotique
Qui
m’avait là
Moi
la mal née regestée
Pour
un ici
Ailleurs
tout autrement
Etait
désormais dissipé
Ravagé
Au
loin sur la ligne d’horizon
La
barque du passeur
Apparaissait
déjà
Et
la rame de Charon
Régulière
Clapotait
Obstinée
Il
était comme un vieux fou
Disant
n’importe quoi
Et
que je ne le reverrai pas
Je
le sus cette fois là
Retour
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|
|
|
|
Par
l’amour de cette femme
D’un
certain âge pourtant certain
Son
ancienne et toujours belle
Compagne
Lui
petite moustache sur teint cireux
Résolument
coiffé à l’embusqué
Echappait
Mains
dans les poches
A
l’amertume et au chagrin
Elle
Impeccable
sous son chignon blanc
Bien
tiré
Maquillée
juste assez pour l’heure
Et
la nécessité
Avait
pour lui
Des
gestes de tendresse
Qu’il
subissait avec tranquillité
Sinon
avec plaisir
Comme
un maître
Habitué
aux excès d’une vieille chienne
Qu’on
a depuis longtemps
Renoncé
à corriger
Elle
veillait à son bien être
Comme
elle l’avait toujours fait
Bien
avant qu’ils ne deviennent
Là
debout devant le banc
Attendant
l’autobus
Commentant
sans inquiétude
Ni
générosité
Tous
ceux qui passaient
Côte
à côte
Désormais
Pour
le meilleur et pour le pire
Ces
vieux amants
On
voyait bien
Qu’ils
en avaient vu d’autres
Et
que rien ne pouvait les ébranler
Ni
les intimider
Mais
pensant à la guerre
Depuis
longtemps terminée
On
ne pouvait rétroactivement
S’empêcher
de frissonner
(A
l’arrêt du 43 Gare du Nord)
Retour
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|
Il était
d’une beauté confondante
Auprès
de lui
Les
anges accompagnant Mozart
Seraient
passés inaperçus
Sa
mère l’avait hissé
Sur
le siège le plus haut
Et
comme un roi sur son trône
Chef
de l’autobus
Il
contemplait son peuple voyageur
Il
était d’une beauté confondante
Sa
face ronde illuminée
Ornée
au rebord de la vraie fourrure
D’un
anorak de luxe
Solide
et bien coupé
Distingué
Ses
boucles de cheveux blonds
Rayonnant
à la ronde
Comme
un petit soleil
Accoutrés
de plumes et de dentelles
Les
anges accompagnant Mozart
Auraient
auprès de lui
Semblés
de pauvres hères
Agé
de quatre ou cinq ans
Tous
les regards braqués sur lui
Assis
dans l’autobus
Il
agitait comme un hochet
Une
console électronique
Retour
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|
|
|
|
De l’autre
côté de la table
De
tempête en rivage
Ma
voisine céramique
Œuvre
comme la mer
Ses
vagues roulant vers la terre
Un
chaos ordonné
De
bustes et de visages
De
regards aux yeux bien fermés
D’animaux
humbles et tenaces
Qu’elle
pétrit avec obstination
Avec
rage parfois
Refoulant
sans ostentation
De
terribles cauchemars
Exorcisant
le pire quelquefois
Du
tranchant de la main
Dans
un silence de plomb
Que
je ne fondrais
Pour
rien au monde
Puis
vient le ressac
Et
sur l’écume face à moi
Flotte
une flotte
De
barques légères
De
raviers
De
ramequins
De
godets
De
plats courts ou longs
Et
de toute la quincaillerie
De
la vie
Du
vivant
Son
corps alors se détend
Tout
entier pacifique et serein
Son
visage se redresse
Elle
me voit
Et
me sourit
De
l’autre côté de la table
De
tempête en rivage
Ma
voisine céramique
Œuvre
comme la mer
Ses
vagues roulant vers moi
Un
monde bien ordonné.
Retour
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|
|
|
|
Sous
l’auvent de l’abri d’autobus
A
mon amical regard
Elle
répondit du fond de sa poussette
Par
un grand sourire
Son
bonnet rose industriel
Enfoncé
sur son chef
Avec
sur le revers
Une
blanche tête de chat
Ridicule
mais consensuelle
Ses
moufles pendantes
Cousues
à ses manches
Elle
tenait à la main
Un
hochet assorti
Consciencieuse
et aimante
Par
force mimiques
La
mère encourageait notre colloque
Nous
en restâmes pourtant là
Nous
étant dit l’essentiel
A
savoir que je n’étais pas son ennemie
Et
elle l’avait déjà compris
(Arrêt
du 93 Friedland-Haussmann)
Retour
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|
Elle était
d’une beauté souveraine
Complètement
déglinguée
Dans
ses nippes froissées
Le
visage las sans fard
Le
regard tranquille sans malice
N’eut
été sur son abondante chevelure
Un
reste négligé de teinture
Elle
aurait pu poser
Pour
l’étrusque Vénus
Retour
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|
|
|
|
Ils
étaient comme deux oiseaux
Donnant
la becquée à leur progéniture
Dont
la survie de loin était loin
D’être
assurée
Chétif
garçonnet
Et
fillette malingre
S’ignorant
l’un l’autre
Déçus
de la brièveté de leur amour
Mais
faisant face stoïquement
A
la charge d’âmes qui en avait résulté
Ses
deux parents tentaient d’y suppléer
S’appliquant
à l’amble
A
ne rien aggraver
Etonnés
tout de même
Que
la fête se soit sitôt terminée
Retour
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|
|
|
|
Elle avait
un pied magnifique
Comme
on en aurait vu
Dépassant
d’un péplum
Au
bas des statues antiques
Elle
l’avait retiré d’un mocassin
Qu’elle
laissait traînant
Sur
le carrelage noir et blanc
Du
hall d’entrée de la clinique
Elle
suait d’angoisse
D’impatience
Et
de regret
S’accrochant
à un livre
Qu’elle
ne tentait même plus de lire
Tant
l’agitation progressait en elle
Donnant
des coups de boutoir
Dans
la maîtrise qu’elle s’efforçait
Pourtant
De
conserver
Elle
jetait à l’entour
Des
coups d’œil terrifiés
Tout
particulièrement
En
se tournant vers moi
Je
n’y étais pas insensible
Loin
de là
J’aurais
bien eu pitié d’elle
N’eut
été en ce lieu
De
souffrance et de peur
Mon
propre combat
Contre
la consternation
Et
la terreur
Retour
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|
Fukushima
2011
Montent au
front
Cœur
en fusion
Les
samouraïs
Montent
au front
Les
soldats de la Centrale
Révulsée
Le
béton se rétracte
Et
désarme
L’Homme
persiste
Tenace
Retour
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|
|
|
|
Dans ce
café de quartier
Sobre
sans être retiré
Elle
suait la haine
A
trois tables à la ronde
Accompagnée
de ses deux filles
Presque
déjà grand-mères
Et
s’appliquant à n’en rien voir
Ni
en montrer
Ou
du moins à soigneusement
S’en
accommoder
Elle
commanda une viande
Qu’elle
réclama bien saignante
Confirmant
ainsi
Mes
plus sombres intuitions
Je
lui fis un sourire
Non
par compromission
Mais
c’était la pause
Et
dans mon contentement du monde
Je
devais me préserver
Retour
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|
|
|
|
Elle se
jeta dans mes bras
Au
bord de s’écrouler en larmes
Comme
sortie de l’asile
Elle
remontait des Abysses
Je
la serrai contre moi
Lui
disant
Mon
enfant
Et
après un moment de silence
Joyeuses
Pâques
Suivi
d’un inattendu
Terme
russe
Que
je traduisis pour elle
Comme
Résurrection
Deux
colombes
S’envolaient
de nos cœurs
Elle
s’était jetée dans mes bras
Après
avoir salué l’assemblée
Qui
fêtait son retour
Au-delà
du détour
Bien
connu de nous toutes
Retour
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|
Il avait
la peau
Terriblement
sombre
Comme
l’ont non au Sud
Ceux
du continent voisin
Mais
de l’autre côté du globe
Les
premiers habitants
Autrefois
refoulés
Dans
ces lieux infertiles
Il
ne mendiait pas
Installé
comme les autres
Dans
sa misère
Ne
quémandait
Revendiquant
Implorant
Ou
psalmodiait
Tout
son corps était animé
D’une
pétrification muette
Momifié
avant l’heure
Par
les déboires et la détresse
Entre
deux âges
Il
les avait tous
De
l’impatience de l’enfant
A
la résignation du vieillard
Mais
ne comprenait pas
Pourquoi
au milieu des autres
Quand
tous mangeaient
Lui
n’avait rien
Il
était l’icône de la débâcle
humaine
Sous
l’oriflamme froissée de l’espérance
Agitant
les bras comme un dernier signal
Tentant
l’ultime chance
De
juguler l’engloutissement final
J’y
reconnus venu du fond du fond
Le
lien fondamental
Le
commencement du code
Le
partage
La
liaison relative
La
relation
De
la matière vivante
A
la forme cette fois humaine
Là
moi
Et
pour un temps au moins
Encore
moi-même
Il
avait la peau
Terriblement
sombre
Comme
l’ont non au Sud
Ceux
du continent voisin
Mais
de l’autre côté du globe
Les
premiers habitants
Jetés
ça et là au hasard
Dans
la perte de l’avant
Et
les affres du temps
Retour
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|
|
|
|
De l’autre
côté de la rue
Tirant
son rideau
La
nouvelle voisine me sourit
Je
ne l’ai jamais vue
Elle
ne connait de moi
Que
la loggia de ma cuisine
Petit
paradis d’art
Et
de végétation
De
l’autre côté de la rue
La
nouvelle voisine me sourit
Je
lui souris aussi
Je
viens d’y installer
De
grands iris
Ce
sont mes fleurs préférées
On
vient de m’en apporter
Retour
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|
|
|
|
Il n’était
la beauté même
Que
par la concentration qu’il mettait
A
lire le livre
Qu’il
tenait fermement
Mais
maladroitement
Entre
son pouce et son index
Les
autres doigts de sa même main
Engagés
dans les anses de ses sacs
Pauvres
et propagandistes
Appuyé
courbé
A
la barre de l’autobus
Debout
dans l’allée
Il
s’efforçait de ne gêner personne
Et
y parvenait parfaitement
Il
portait un blouson informe
Et
une écharpe délavée
En
bandoulière derrière son dos
Sa
sacoche menaçait ruine
Comme
par pudeur
J’allais
détourner le regard
Il
fit une pause dans son ouvrage
Et
releva la tête
Qu’il
avait jusque là
Gardée
inclinée
Je
vis alors ses yeux
Parfaitement
dessinés
D’un
gris translucide
Et
tenace
Retour
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|
Lui
Sous
sa veste impeccable
Une
chemise ouverte
Sans
cravate
Car
c’est Samedi
Moment
de détente
Place
Saint Sulpice
Elle
Cheveux
de jais
Peau
de pêche
Vêtue
ton sur ton
D’un
simple haut
En
pure soie
La
vraie très naturelle
Et
d’une jupe sobre
De
bonne coupe
Tombant
bien
Assortis
l’un à l’autre
Exemples
du bon goût
Ils
étaient parfaits
Je
les admirai
Retour
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|
|
|
|
Elle était
comme un bois flotté
Echoué
sur la plage
Je
la tirai sur la côte
Mais
cela ne servait à rien
Elle
n’avait plus ni fruits
Ni
feuillage
Son
âme avait complètement brûlé
Confiscatoire
et fœtale
Et
la vengeance elle-même
Etait
hors de propos
Elle
était comme un bois flotté
Cheveux
et vêture grise
Presque
blanche
Sans
chaleur
Ni
candeur
Portant
déjà sur tout son être
Le
visage comme le corps
Les
stigmates de la mort
Retour
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|
|
|
|
Dessous le
péristyle de la place Foch
Face
à la pierre noire du pilori
Derrière
les lourdes colonnes de cylindres entassées
L’air
résigné
Les
traits tirés
Vieilli
Le
brocanteur est presque méconnaissable
Dans
son échoppe surchargée
Son
stock s’est étoffé
Mais
tout est toujours bien rangé
Calibré
Etiqueté
Epousseté
Au
fil des ans
Le
brocanteur de la Place Foch
S’est
tellement encombré
Qu’il
ne peut plus se retourner
Ni
retourner
Ni
moi m’y retrouver
Aucun
doute
Déjà
ténu
Le
lien s’est bien cassé
Et
tout est consommé
Retour
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|
Ame et
souffle du monde
Anima
animus
Assis
dans l’autobus
A
côté de leurs bagages
Prenant
bien garde
A
ne pas encombrer
L’allée
centrale
Ils
étaient parfaitement assortis
Pareils
et différents
Dans
l’harmonie sereine
Qu’affichent
les mariés
Qui
en ont tant traversé
Ayant
à tout résisté
Et
même à l’entropie
Ce
logiciel à démolir les rêves
Ame
et souffle du même monde
Anima
animus
Ils
étaient assortis
Vieux
couple sur le retour
Poussant
la délicatesse
A
faire couleur commune
Grises
leurs chemises
De
coupes voisines
Et
un peu plus soutenus
Celui
de son pantalon à lui
Et
de son pantalon à elle
Camaïeu
de couleurs
S’étendant
même à leurs valises
Seules
leurs alliances
A
leurs gauches annulaires
Etaient
exactement les mêmes
Ternes
éclats d’un métal désuet
Renvoyant
en écho
A
leurs cheveux d’argent
(Dans
le 43 Gare du Nord Bagatelle)
Retour
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|
|
|
|
La douleur
avait ce matin là
La
forme d’un homme
Attrapant
l’autobus au vol
Ou
plutôt non
Ne
le devant pas même à la bonté
De
la Régie Autonome
Mais
à sa rationalité
A
sa décision d’éviter
Coûte
que coûte
Les
frictions
Les
conflits
Les
bousculades
Les
insultes
Les
injures
Les
engueulades
Les
horions
Et
les bastons
Que
les conducteurs syndiqués ou non
Ne
supportaient plus
En
ouvrant largement les portes
A
tous les retardataires
Et
celui-là en avait bien besoin
Car
dans le 84 de 7 heures 21
Au
départ de Champerret
Déstabilisé
par la violence du virage
Il
s’affala en travers de son siège
Fermant
les yeux accablé
Semblant
dormir
Les
ouvrant
Les
refermant
Les
rouvrant
En
proie à une difficulté
Qui
serrait le cœur
Sans
qu’on sache
Si
son tourment était physique
Et
qu’il attendait soulagement
D’un
remède déjà pris
Ou
bien l’effroi d’une situation
Qu’il
jugeait sans issue
Parvenir
à son poste
Ce
matin là encore
Requérait
toute son attention
Qui
néanmoins se dérobait
Lasse
et vaine
Comme
le véhicule filait
Dans
le jour levant
Sa
sacoche elle-même
Cherchant
à le quitter
Comme
sa casquette
N’y
croyait pas non plus
N’eut
été ses chaussures
Choisies
larges et confortables
Pour
pouvoir s’enfiler seules
Et
son pardessus de qualité
Pour
servir et durer
Son
âme aurait planté là
Sa
carcasse
Nous
laissant les uns et les autres sidérés
Retour
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|
|
|
|
Elle
s’enveloppa
Dans
son long voile de mousseline
Ton
sur ton
Brodé
de fils dorés
Et
de fausses pierreries
Que
je lisais dans mon planétarium
Comme
la carte du ciel
De
la lune des étoiles
Et
du soleil
Elle
était très très noire
Et
tôt ce matin là
Dans
le froid
Dès
huit heures
Attendait
débout avec moi
Au
rebord du trottoir
Quand
elle monta dans l’autobus
Je
découvrais médusée
Qu’elle
portait aussi
Du
même tissu
De
la même couleur
Avec
les mêmes broderies
Un
long caftan
Parfaitement
assorti
(Arrêt
du 43 Bd Haussmann)
Retour
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|
|
Le
kiosquier de la Placette
Vient
de fermer boutique
Las
d’attendre en vain
Avenue
Niel
Les
mauvaises nouvelles
Retenues
avec les bonnes
Par
les Messagerie de Presse
Cette
fois encore
En
grève
Le
kiosquier de l’Avenue Niel
S’est
enfui
Loin
de la Placette
Las
de voir
Devant
le présentoir vide
Les
clients médusés
De
tant d’acharnement
Au
fil du temps
Le
kiosquier de l’Avenue Niel
A
planté là tout le quartier
Laissant
là sans ménagement
Péricliter
l’encre et le papier
Les
titres et les mots croisés
Les
articles et les chiens écrasés
Les
tribunes et les publicités
Pour
s’en aller s’en retourner
Comme
il me l’avait annoncé
Troquer
ses choux
Avec
son boulanger
Retour
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|
|
Harnachée
de cabas
Pendant
à chaque bras
Sur
son dos
Son
sac à main
A
dos
Ballotant
sur son dos
Les
jambes nues
Pour
économiser les bas
Même
en Décembre
Elle
n’en pouvait mais
Et
fit une pause
Ses
cabas un moment
Posés
sur l’asphalte
Tirant
son mouchoir
De
son sac
Qu’elle
remit sur son dos
Elle
reprit sa marche
Sous
la marquise
De
la gare d’autobus
Gare
du Nord
Nous
l’attendions
Elle
impavide et résolue
Moi
réfractaire et absolue
Retour
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|
|
|
|
Fernand
Léger l’aurait bien peint
Ce
grand gaillard à casquette
Qui
sur sa plateforme métallique
Comme
sur une piste aux étoiles
Surplombant
la terrasse
Qui
de l’autre côté de la rue
Tout
en haut de l’immeuble
Un
peu de biais tout de même
Se
détache dans le soleil levant
Souple
et mobile
Ce
beau matin de Septembre
Il
va et vient
Revient
et re-va
Entre
les barres de fer qui rutilent
Et
s’animent
Sous
la caresse lascive de l’Astre-Mère
S’élevant
dans sa gloire pour ma joie
Indestructible
A
cause de tout cela
Accoudé
au bastingage
De
cette carène en plein vol
Il
hèle en contrebas
Ses
collègues
Manœuvrant
habilement
Manivelle
treuil câble et poulie
Comme
un jongleur ses cerceaux
Et
ses balles
Au
bon milieu du cirque
Depuis
ma fenêtre
Je
vois monter de toutes les couleurs
Toutes
sortes de matériaux
Dont
j’ignore
Non
seulement le nom
Et
la fonction
Mais
aussi la matière
Bien
que j’en ai vu
Dans
tous les ports du monde
Arrivés
à sa hauteur
A
la portée de sa main
Il
les détache celui qu’aurait bien peint
Le
peintre géométrique
Et
coloriste
Utopiste
Parfois
mélancolique
Et
pliant et repliant sur elle-même
L’épaisse
corde qui les avait tenus
Un
moment ensemble
Assemblés
Après
s’être assuré de la sécurité
Il
la jette en bas
A
ses comparses
Demeurés
eux
Au
ras du trottoir
Libre
enfin elle tombe à la verticale
Suivant
le cheminement de la gravitation
Imparable
législation
Il
tire alors le filin
Dont
le crochet se détache
Noir
sur le ciel bleu
Se
penche et se retourne
Se
penche encore
Short
beige maillot kaki
Il
s’active l’homo sapiens
Et
peut-être sifflote-t-il
Prométhée
en pleine action
Icare
en plein rêve
En
tous cas vitres fermées
Moi
je n’entends rien
Que
le crissement spécifique
De
l’engin énergétique
Je
vois ou plutôt je regarde
Le
manège qui recommence
Pragmatique
Mécanique Futuriste
Montent
montent les matériaux ligotés
Il
les décroche
Se
penche à nouveau
S’assure
de la bonne réception
Et
recommence la même manœuvre
L’épreuve
La
mise en route de la noria
Entre
la terre et le ciel
Danse
sacrée des vivants
Devant
la bienveillante divinité
Il
relance le viatique
A
la mer des humains
Qui
en bas
Se
trainent rampent et végètent
Aspirant
à respirer
Espérant
être aspirés
S’appliquant
à s’inspirer
Et
miracle comme il choit
Le
cordage menant au firmament
L’escalier
des songes
Le
murmure des anges
Se
déploie et s’élargit
Dans
toutes les directions
Toutes
boucles dehors
Comme
un oiseau
Bientôt
les ailes ouvertes
Avant
de chargé des mêmes rouleaux
Encore
s’élever à nouveau
Rustique
messager céleste
De
l’être vivant constructiviste
En
proie à la pesanteur
Anachronique
De
l’Etant
Retour
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|
|
|
|
Elle était
comme une ancienne
Reine
de beauté
Le
teint hâlé parce c’était sa norme
Les
cheveux teints
Parce
que c’était la règle
Soigneusement
habillée
D’une
veste en cuir fauve
Et
d’une jupe trop courte
Pour
cacher de belles jambes
Balafrées
D’une
cicatrice haute
Hideuse
Et
boursouflée
Qu’elle
cherchait à exhiber
Elle
traversait l’avenue
Tanguant
de biais sur ses hauts talons
Comme
de mon côté
Valétudinaire
Je
m’accrochais au lampadaire
Elle
vint vers moi
A
pas prudent et lents
Je
ne me dérobais pas
Comme
elle me demanda
Comment
rejoindre la rue de Courcelles
C’était
loin et compliqué
D’autant
plus qu’elle voulait
A
travers elle atteindre celle de Cardinet
Il
fallut en débattre
Nous
le fîmes conversant
Sur
les transports et les cheminements
Elle
finit par me dire
Depuis
deux mois déjà
La
mort de sa mère
Je
lui conseillai alors
D’en
broder une tenture mémorielle
Retour
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|
Il avait
les dents sortant vers le devant
Comme
nos ancêtres les préhistoriques
Avec
de ci de là
Une
couronne en or qui brillait
Animant
un étrange brasier
Sous
tendant son sourire
Qui
dévoilait matriciel
Un
abîme où plonger
Pour
se perdre
Le
reste de son visage était classique
Comme
sa mise
Eperdument
sobre
Toile
de fond de sa parole
Raisonnable
et tranquille
Il
ne confondait pas son rôle
Avec
celui des autres
Magistrat
debout
Membre
du Parquet
Il
n’engageait en rien
Sa
partenaire
La
Magistrature assise
Se
défendant des pièges
Que
dressaient pour lui les médias
Auxquelles
il s’adressait
Et
qui le poussaient
A
d’ores et déjà condamner
Avant
même avoir enquêté
Inculpé
et jugé
Laissant
encore plus à l’écart
Dans
cette époque de noise
De
tourment et de confusion
La
caste politique
A
laquelle il semblait
Tout
à fait étranger
Se
contentant avec obstination
De
s’acquitter de sa mission
A
savoir
Rendre
public
Le
rapport d’expertise
Dévoilant
terribles
Toutes
les causes de l’accident
Ni
un hasard
Ni
une malchance
Mais
une pratique constante
De
négligence
Voire
d’incurie
Il
avait les dents pointant vers l’extérieur
Comme
nos ancêtres
Les
hommes préhistoriques
Répondant
sans détour
Aux
questions exhibées
Procureur
passé maître
Dans
l’art de ne rien aggraver
Se
gardant de l’outrance
Et
de la médiocrité
Retour
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|
|
|
|
Bien
droite
La
main posée sur son caddy
Jaune
d’or
Entre
paille et poussin
Du
moins tout le sac plastique
Ergonomique
Ainsi
que la poignée solide
Et
les roues
Du
moins en leur centre
Les
enjoliveurs
Ou
ce qui en tenait lieu
Elle-même
dans la queue
Au
guichet du laboratoire
Se
tenant toute aussi droite
Que
son engin baillant
Encore
vide
En
attente de la corvée ménagère
Imposée
Bien
droite
La
main posée sur son caddy
Elle
était elle-même bien habillée
De
vêtements bien confectionnés
De
bon goût
Et
joliment assortis
Autour
d’une veste au bord de fourrure
Car
c’était bientôt presque l’hiver
Elle
attendait dans la queue
Bien
rangée gardant son tour
La
tête inclinée triste à pleurer
Implorant
les yeux tournés vers le ciel
N’en
pouvant plus sans doute
D’assurer
en service commandé
De
la noria domestique
On
l’aurait dit pareille
Aux
antiques chromos
Violemment
lithographiés
Réservés
à l’instruction des païens
Une
édifiante icône de la sainteté
Retour
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|
|
|
|
Assis au
milieu de nous
Il
paraissait comme nous
Juste
en un peu plus crado
Anorak
et pantalon sombres fatigués
Casquette
grise à l’avenant
Sur
des mèches raides et blanches
Un
peu folles quand même
De
rester si longtemps
Eloignées
des coiffeurs
Seules
flambaient neuves
Aux
pieds du vieux pépé
Des
baskets beiges
Dont
les semelles rigides
Fleuraient
le low-cost
Venu
d’un très lointain ailleurs
Assis
parmi nous
Dans
l’autobus là en tête de ligne
De
l’autre côté de l’allée centrale
Lui
au milieu de nous
Nous
attendions tous
Sagement
le même départ
De
la Régie Autonome des Transports
Encore
un peu publics
Direction
Concorde et Solférino
Terminus
au Panthéon
Il
feuilletait un quotidien
Que
je pris pour Le Parisien
Ou
Aujourd’hui en France
Mais
le papier de piètre qualité
Retint
plus longtemps mon attention
Comme
la maquette qui décidemment non
Ne
m’évoquait rien
Et
pourtant j’en connaissais
Des
variantes de la même
Je
persistais néanmoins
A
déchiffrer le texte
Il
était parmi nous
L’un
des nôtres
Juste
en un peu plus crado
Je
décodai enfin le titre
Il
était en cyrillique
L’ancêtre
lisait Viesti
Décidemment
Le
monde avait changé
Retour
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|
|
|
|
A peine
couverte
D’un
léger maillot à bretelles
En
coton ordinaire
Très
à l’aise
Au
fond du canapé
Elle
était à elle seule
La
vision insurrectionnelle
Du
vivant en proie
A
sa propre gestation
Elle
présentait à tous
Sa
chair dilatée
Monstrueuse
de sérénité
De
confiance
Et
de joie
Retour
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|
|
|
|
Cravate
sanglante
Et
chemise rose
Couronne
de cheveux blancs
Sur
veste de velours
Lunettes
transparentes
Encadrant
le regard clair
Au
milieu de ses collègues
Parce
que c’est son tour
Le
politologue demeure silencieux
Cherchant
au fond de lui-même
Matière
à commenter le vide abyssal
La
conjoncture inouïe
La
vacance de la raison
Du
rêve
Et
du pouvoir
Mais
non
Bien
que chevronné
Ou
plutôt parce que chevronné
Amoureux
de l’esthétique
Ce
dandy romantique
En
a pourtant vu d’autres
Mais
là
Il
reste coi
Retour
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|
|
|
|
Montée
en tête de ligne
Assise
en face de moi
Elle
avait le regard effaré
Etonné
Angoissé
Les
cheveux poivre et sel
Regardant
sa montre
Et
aussi tout autour d’elle
Le
trottoir de la ville
Les
feux et les panneaux
Puis
dans le haut de l’autobus
Touchant
presque à son plafond
L’itinéraire
affiché
Si
difficile à lire
Et
encore plus à décrypter
Ou
décoder
Avec
ses signes et ses balises
Dans
le magma touffu
Des
tracés noirs
Plus
ou moins
Etroits
et larges
Et
même par endroits
Très
épais
Elle
revint à sa montre
Et
ensuite de nouveau
Au
paysage du dehors
D’un
côté et de l’autre
Tournant
la tête
De
cristallins
En
boîte crânienne
De
globes oculaires
En
disques cervicaux
De
colonne vertébrale
En
nerfs optiques
Tournés
encore une fois
Vers
le dedans ou le dehors
Et
vers sa montre de nouveau
S’apaisant
Comme
enfin nous commençâmes
A
rouler
Heureux
du passé simple
Laissant
derrière lui
L’imparfait
des soucis
Mais
son calme
Ne
dura pas longtemps
Car
bientôt son agitation reprit
Dans
le 84 Champerret-Panthéon
Retour
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|
Marché
des Antiquités
Elle était
à l’âge des chagrins
Visibles
et bruyants
S’efforçant
seulement
De
se tenir assise
Bien
tranquillement
Comme
il le lui avait demandé
Tandis
qu’il installait le stand
Dont
dépendaient leurs vies
Commune
encore
Mais
pour combien de temps
Contorsionné
Plié
en deux
Il
fouillait dans ses caisses
Dont
il tirait un par un
Des
objets à exposer
Bottant
en touche
Comme
savent si bien le faire
Les
chasseurs habiles
Lorsqu’ils
découvrent
Que
la proie qu’ils croient leur
Se
rebiffe
Demande
des comptes
Et
annonce la venue
D’un
tout autre temps
Elle
était à l’âge des chagrins
Visibles
et bruyants
Tournant
vers lui la tête
Quêtant
de l’attention
Du
réconfort
Ou
du moins une bonne parole
Pour
apaiser sa douleur
Mais
non rien ne vint
C’était
l’ouverture du Salon
Où
ils s’étaient engagés pour une place
Et
simple scène
Ou
commencement de rupture
Au
sein de ce chant choral
Il
fallait bien que l’aria continue
Retour
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|
|
|
|
Le
Marché de la Céramique 2016
Mal à
l’aise sur la terre ferme
La
peau burinée
Les
cheveux secs en bataille
Il
était comme un navigateur solitaire
Le
regard perdu sur la ligne d’horizon
Sans
craindre pourtant
Comme
l’équipage de Magellan
Que
l’eau tombe au-delà
Ni
que ses vaisseaux fondent
En
traversant l’Equateur
Au
fond de l’éventaire
Fourni
par l’organisateur
Ce
potier là numéro six cents deux
Donnait
à voir ses œuvres
Coupes
coupelles
Plats
jattes ou compotiers
Sortis
droit de sa résolution
Et
de son four
De
sa pugnacité aussi
Au
sein de laquelle s’abritait tranquille
D’ocre
au brun un camaïeu
De
poissons vernissés
Savamment
dessinés
Seigneurs
résolus
Flottant
aimables et pacifiques
Sous
une couverte d’herbes et d’algues
Précieusement
observées
Le
céramiste exposait ainsi
Urbi
et orbi ses productions aquatiques
Et
aussi dans le fond de sa cambuse
La
six cents deux au milieu de bien d’autres
Quelques
contenants habités cette fois
De
volatiles aux plumes effarouchées
Perdus
dans les tons bleus
Sombres
et pathétiques
On
voyait bien que le maître d’œuvre
Etait
là moins familier
De
ceux d’en haut
Que
de ceux d’en bas
Sans
doute parce qu’eux-mêmes
Nous
fréquentant trop
Ou
du moins
Ne
cessant du haut des arbres
De
sans gêne nous observer
Etaient
devenus presque domestiques
Excitant
moins du coup
Cet
amant des lointains
Et
de la liberté aux ailes de nageoires
Toutes
de reflets et de transparence
Je
le rencontrais de temps à autre en Juin
Au
rendez-vous saint-sulpicien
Pourvoyeur
inlassable
De
ma quête d’art et d’essai
Fut-elle
cette fois celle d’une vaisselle propre
A
masquer le cauchemar de la dévoration
Pourtant
nécessaire à la vie
Ce
grand malentendu
Ma
préférence allait à ses vases monstrueux
Pas
plus de trois ou quatre
Vue
l’étroitesse des lieux
Tous
plus oblongs
Ventrus
et parfaits
Les
uns que les autres
Et
dont je comprenais trop bien
A
leur monstration
Qu’ils
donnaient à voir
Plus
aquatique que terrestre
L’étrangeté
de notre globe
Bien
plus rêverie que territoire terrien
Et
surtout à cet homo habilis
S’efforçant
de devenir et de se maintenir faber
Mal
à l’aise sur la terre ferme
La
peau burinée
Les
cheveux secs en bataille
Comme
un navigateur solitaire
Emporté
par la force du courant
Et
de l’air et de l’eau
Il
fallait bien toutes les céramiques du monde
Celles
du sien bien sûr
Mais
celles du notre aussi
Pour
être l’étroite et lourde passerelle
Toute
de glaise et de fau
Le
lien solide le rattachant à la Terre
Qu’il
était si fortement
Et
tout le temps
Tenté
de quitter
Retour
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|
|
|
|
Sous sa
gabardine ordinaire
Et
trop petite
Elle
portait une longue robe
Turquoise
et brodée
Qui
par la fente pratiquée
Pour
faciliter la marche
Laissait
voir sur un pantalon noir
Très
serré
Des
jupons bariolés
Sur
sa tête
En
lamé
Un
foulard scintillait
Recouvert
d’un châle en laine
Pour
épargner le froid
Elle
était accompagnée
D’un
homme plus âgé qu’elle
Et
plus petit
En
veston et pantalon
Sa
calotte rigide et soyeuse
Sur
son chef dégarni
Blanche
Se
souvenait des Balkans
Retour
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|
S’il
avait été ténor à l’Opéra
On
aurait trouvait normal
Les
dures manchettes larges et longues
De
sa chemise blanche
S’étonnant
toutefois alors
De
l’absence d’un jabot en dentelle
Son
pantalon noir
En
soie naturelle et ou sauvage
Recouvrant
des chaussures à l’avenant
Avec
des bouts effilés de la même couleur
Au-delà
de toute mesure
Ses
cheveux poivre et sel un peu gras
Sagement
peignés
Tombant
sur sa nuque
Il
avait sur les genoux
Des
têtes de mort fluorescentes
Imprimées
sur un cartable
De
format prévu pour les ordinateurs
Avec
de surcroît un peu de place
Pour
un linge de rechange
En
un mot il était ridicule
Mais
comme m’apprêtant
A
descendre de l’autobus
Dans
lequel depuis un moment
Ensemble
nous roulions
Debout
près de la porte
Je
surplombais sa tête
Je
vis avec effroi
Un
appareil au fond de son oreille
Et
une minerve entourant son cou
Retour
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|
|
|
|
Elle
l’espérait
Mais
elle n’y croyait guère
Accélérant
sa marche
Autant
qu’elle le pouvait
Sans
pour autant
Se
mettre à courir
Car
grasse et lascive
Encombrée
de surcroît
Elle
était dépitée
D’avoir
raté l’autobus
Qui
au-delà de son arrêt
N’était
pourtant plus très loin
Retenu
par le feu encore rouge
Pour
un petit moment
Au
rebord du trottoir
Qu’elle
parvint
Par
son effort
Par
finir à atteindre
Elle
tourna alors vers le chauffeur
Sa
face naïve
Radieuse
et suppliante
En
appelant pour l’ouverture
Du
Saint des Saints
A
sa toute particulière générosité
Dans
une position
Voire
une posture tout à fait codifiée
Celle
de l’universel et muet langage
De
l’antique statuaire
Un
bruit pneumatique
Signala
l’ouverture du tabernacle
Des
transports de surface
C’était
la consigne de la Régie
Pour
éviter d’aggraver trop nombreux
Les
incidents
Elle
monta triomphante
Se
confondant en remerciements
Rue
de Courcelles
Retour
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|
|
|
|
Dans
l’arrière-pays
Au
lieu-dit Le pas de la mort
Vers
Menton
En
venant de Vintimille
Par
la montagne
Par
le sentier
Entre
deux abîmes escarpés
Menacés
d’y chuter
Nombreux
A
la queue leu leu
Dans
la nuit obscure
Prenant
bien garde
D’éviter
les gardes
Les
immigrants sortis de la mer
S’enfonçant
dans les terres
Font
route à pied
Vers
l’Eldorado
27
Septembre 2016
Retour
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|
Les
cheveux teints
Botoxée
jusqu’à la moelle
Les
lèvres trop rouges
Entrouvertes
sur de fausses dents
Elle
était incontestablement
Dans
l’air du temps
Abondant
Sagement
A
tout ce que disait
L’animateur
de l’écran
Je
ne la reconnus qu’à sa voix
Je
l’avais vue pourtant
Quelques
saisons auparavant
Et
je l’aimais
Assurément
Août
2017
Retour
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|
|
|
|
Trop
grand
Pour
être à la hauteur
De
la patiente
Dont
il vient s’occuper
Courtois
et distingué
L’infirmier
Met
un genou à terre
Devant
son hôtesse
Assise
sur sa chaise
Pour
planter
Dans
son ventre
Déjà
bien tuméfié
La
seringue moderne
Préparé
par le laboratoire
Technique
et concerné
L’archer
tirant sa flèche
Vers
le soleil
N’aurait
pas plus de prestance
De
gloire
Et
de rayonnement
Automne
2018
Retour
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|
|
|
|
Par tous
les pores de sa peau
Elle
suait la méchanceté
Voire
même la haine
La
chevelure teinte d’un noir
Défiant
tous les secours
Et
les recours
Que
pouvaient encore offrir
A
la rupture du texte
La
métaphore du jais
Ou
celle du corbeau
Tendue
à tout rompre
Dans
sa petite jupe
Tout
aussi noire
Les
traits tirés
A
côté de moi
Elle
attendait l’autobus
A
l’abri de son perfecto blanc
A
la jonction de l’avenue de Messine
Et
du boulevard Haussmann
Tentant
encore une fois
D’enjoliver
le monde
Ou
du moins d’en tamiser l’horreur
Je
lui fis un sourire
Auquel
elle ne répondit pas.
Automne
2018
Retour
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|
Porte de
Clignancourt
A
la sortie du métro
Au
pied d’un platane
Sous
un parapluie terriblement rouge
Faisant
cette fois là fonction d’ombrelle
Derrière
son éventaire
Stable
mais néanmoins précaire
Couvert
d’un plastique
Tout
aussi rouge
Affichant
bien lisible
Pour
le promouvoir
Le
logo publicitaire
Dans
sa casaque bleu marine
Gilet
assorti
Sous
sa casquette standard
Désormais
couvre-chef mondialisé
Le
vendeur de journaux
Sert
la clientèle
Souriant
gentiment
Il
s’aide de sa tablette
Car
il ne sait pas compter
Et
ne parle pas Français
Automne
2018
Retour
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|
|
|
|
Scanner
Il
avait les yeux en amande
Effilés
Comme
on en voit
Sur
les images-médecines de l’Ethiopie
Ou
sur les gouaches artisanales
Rapportés
par les voyageurs
Lorsqu’ils
sont amateurs
Il
avait le visage oblong
De
ceux de l’Ouest de ce continent
Mais
la peau tellement plus noire
Qu’on
ne pouvait pas les confondre
Il
manipulait l’engin
Près
à partager toutes les affres
De
la matière humaine
Celle
en proie à la Grande Machinerie
De
l’imagerie médicale
Perforant
les corps
Pour
les rendre transparents
Et
cette fois répandue là
Dans
une alvéole pratiquée exprès
A
leur format
Le
sourire aux lèvres
Etonné
de mes plaisanteries
Comme
d’un cadeau inespéré
De
la dureté du Monde
A
la dureté du Temps
De
son côté concentré
Il
mêlait consolation
Explication
Exhortation
Et
injonctions
Prenant
à bras le corps
Chacune
des particularités
Surgissant
de la vie en mouvement
Plus
moderne encore que la modernité
Il
en était l’application parfaite
L’incarnation
de l’Art
L’adjoint
d’Esculape
Qu’il
assistait avec conscience
Et
compétence
Se
contentant à tout moment
De
défier Anubis
Le
chacal
En
combat singulier
Automne
2018
Retour
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|
|
|
|
Sur le
trottoir d’en face
Le
père
En
bras de chemise
Blanche
Tolérée
Parce
que c’est l’été
Et
que la chaleur est étouffante
Le
visage serein
Mais
le pas pressé
Parce
qu’à l’acmé de sa vie
Il
n’a tout de même pas
Que
cela à faire
Pour
que cela ne soit pas aussi
La
fin de sa carrière
A
ses côtés
Entre
crainte et contentement
Sa
fille adolescente
Son
sac à dos serré contre elle
Pour
ne pas le perdre
Allongeant
la foulée
Pour
coller à l’allure paternelle
C’est
la rentrée scolaire
Et
son nouveau collège
Est
encore un peu loin
Mais
cela ne fait rien
Car
accompagnée par son père
Le
matin de ce jour
Est
radieux
Automne
2018
Retour
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|
L’aide-soignant
de nuit
Est
cette fois là
La
bonté même
Vieux
loup de mer
Sous
sa veste bleu marine
Il
est revenu de bien des embruns
On
sonne
Il
arrive
Console
Et
réconforte
Poussant
la bienveillance
Avant
d’éteindre la lumière
Jusqu’à
dire
Vous
avez bien fait d’appeler
L’aide-soignant
de nuit
Celui
là
Est
la vie même
Automne
2018
Retour
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|
|
|
|
Elle avait
été belle et fantasque
Belle elle
l’était toujours
Et fantasque
plus que jamais
Comme toutes
les censures
Avaient
finalement lâché prise
Lasses avec
l’âge
De tenter
d’enrayer
L’irrécouvrable
Elle avait du
temps de sa gloire
Gardé
le goût de l’habit
De
l’habillement
Du vêtement
De la vêture
De la posture
Et pour tout
dire
Elle avait
encore
Une sacrée
allure
Son chapeau
cloche
Un peu trop
petit
A la limite du
ridicule
Et ses
bottillons noirs
Brodés
d’éclats
De faux
diamants
Témoignaient
qu’elle ne renoncerait
Jamais
Ni à
son élégance
Ni à sa
majesté
Et même
surtout pas
Dans ce
couloir là
Inhospitalier
Dans les bas
fonds de l’hôpital
Où elle
avait ce matin là
Comme les
autres
Eté
convoquée
Elle se
donnait en spectacle
Aux autres
malades
Qui comme elle
Patientaient
Partageant la
même misère
Tolérants
et résignés
Dans l’attente
parfois lointaine
Qu’enfin
leur tour à eux
Advienne
Elle était
accompagnée
D’un
brave type
Son époux
sans doute
Qui
l’assistait de son mieux
Compréhensif
Prévenant
Amoureux
Persistant à
voir en elle
La déesse
de leurs jours heureux
Au mépris
de la réalité
Et il était
bien clair
Que c’était
pour la satisfaction
De tous les
deux
Que même
dans ces tréfonds
Lugubres et
pathétiques
Elle le menait
par le bout du nez
(2019)
Retour
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|
|
|
|
Carmin
Pourpre ou lie
de vin
Peut –être
même cramoisi
Au dessus de
ses bas
Noirs et épais
J’hésitais
à qualifier
Exactement
Le rouge de sa
tenue
Parfaitement
coordonnée
Depuis sa
longue robe
Lui battant
les chevilles
Jusqu’à
son voile
Lui enserrant
la tête
Et le poitrail
Elle gardait
le regard
Obstinément
fixé
Sur la
tablette qu’elle tenait
Dans sa main
refermée
Et crispée
Prenant bien
garde
A ne laisser
échapper
Aucun signe
Qui aurait
donné à penser
Qu’avec
elle
On pouvait
échanger
Quoi que ce
soit
Elle rejetait
Tout ce qu’il
y avait à la ronde
L’hôpital
Les perfusions
Les soignants
Les soignés
Les soins
Et tout
l’attirail métallique
Baroque et
technique
Pas tout à
fait pourtant
Car chambre
quatre cents douze
Au quatrième
étage du bâtiment
Assise en face
d’elle
Dans un
fauteuil profond
En tous points
au sien pareil
Car revêtu
du même plastique
Bleuâtre
et grisonnant
Recouvert par
hygiène
D’un
papier déroulé
Facile à
jeter
Entre
protocole d’essai
Et
stridulation électronique
J’avais
quand même
Sur ses lèvres
obstinément fermées
Réussi
à faire naître
Un sourire
(2019)
Retour
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|
Sur le
terre plein devant l’église
Aux tours
totalement asymétriques
Les deux
minots couraient côte à côte
Lui l’aîné
haut comme trois pommes
Et sa petite
sœur
A peine comme
deux
Bien chaussés
de solides sandales
Gracieusement
habillés
La blondeur
vénitienne de leurs cheveux
Soigneusement
ordonnée
Leurs peaux de
porcelaine
Presque
translucides
Reflétant
leur joie éclatante
D’être
au monde
Qui enfin sans
limite
S’ouvrait
devant eux
Découvrant
au pas de course
L’urgence
de saisir cette possibilité inouïe
De liberté
Ravis d’en
avoir saisi l’opportunité
Ils riaient
tous les deux
A gorges
déployées
Derrière
ces deux petits drôles
Apparemment en
fuite
Leur mère
s’efforçait
De les
rattraper
Gênée
par sa propre tenue
Et la foule se
pressant compacte
Dans les
allées
De Saint
Germain des Prés
Toutes pleines
au Centre Ville
De risques et
de dangers
C’est
alors que les voyant venir
Me baissant
pour être à leur hauteur
J’étendis
les bras
Opposant aux
deux fugitifs
Un obstacle
conséquent
Tout en
proférant
Mandatée
par la collectivité
La sentence
biologique
Juridique
Et sociale
Les protégeant
d’un seul coup
De tous les
impedimenta
On s’arrête
là !
Ils furent
dans leur élan
Stoppés
net
Soulagée
Leur mère
me remercia
(2019)
Retour
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|
|
|
|
Son
bras seulement
Repliant la
persienne
Aperçu
ensuite
De l’autre
côté
De
l’étroitesse de la voie
Juste en face
de chez moi
Un morceau de
son tee shirt noir
Devant le
battant ouvert
De sa fenêtre
à petits carreaux
Au premier
étage
De l’immeuble
en pierre de taille
Décor
monumental
Du théâtre
de la rue
De cet homme
je ne sais rien
Ou presque
Sauf de chez
lui
Au travers du
voilage
La
luminescence
Toute la nuit
De l’écran
de surveillance électronique
De sa boutique
En dessous de
son logis
Car c’est
au rez de chaussée
De son échoppe
Ouvrant à
même l’asphalte du trottoir
Qu’on
lui apporte les tableaux à négocier
Il est
courtier en œuvres d’Art
(2020)
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… À
suivre
impérativement
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