Jeanne Hyvrard

AU PERIL DE LA BRIEVETE

Haïkus 2000-2017

 

 

 

Lac d’Annecy Eté 2000

 

*Vert et blanc d’argent

Eaux sous le ventre du bateau

Poules cygnes et roseaux

 

*Emeraude les eaux

Emeraude au fond de l’eau

Emeraude si je savais le mot

 

 

Trois haïkus de l’Eté 2002

 

*Les nuages lourds

Le vent et le noir soleil

Le causse desséché

 

*Les corbeaux se posent

Les raisins trop noirs murissent

La vendange approche

 

*La ville surchauffée

Les cyprès exacerbés

Le départ s’annonce

 

 

Noirmoutier 2009

 

*L’Histoire balbutie

Au polder Sébastopol

La mer passe les digues

 

 

Treize haïkus de l’Eté 2011

 

*Causses d’éternité

Cent mille millionième saison

Mon âme s’étonne

 

*Sédiments calcaires

Voix d’été soleil dans l’eau

Joie des retrouvailles

 

*Nature éclatante

Chaleur d’Août triomphante

Mon cœur est en liesse

 

*Vert lézard agile

Mon bel amour estival

Tu guéris ma vie

 

*Sur la balustrade

Le rouge-queue est de retour

Nous nous connaissons

 

*Figuier rutilant

Fruits pourpres lentement muris

Délices assurés

 

*Iris du rebord

Cisaillés durant l’été

Vous reverdissez

 

*Torsion de tronc gris

Voûte verte de feuilles et de fruits

Splendeur végétale

 

*Plus haut pont du monde

Horizon noir anthracite

La vie craint l’orage

 

*Bord de la colline

Pluie d’été sur le ciel gris

Cette fois c’est l’ennui

 

*Rivière encaissée

Eaux troubles précipitées

Souffle suspendu

 

*Entre vigne et champs

Grêle d’été annoncée

Projets annulés

 

*Terre-Mère notre Mancêtre

Bouleversement climatique

Je ne sais que croire

 

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En quêtant le monde

De lézards en sauterelles

Je me suis trouvée

 

 

 

 

Certains jours je vais à Saint Antoine

Et d’autres fois à Saint Germain

Ainsi va mon destin

 

 

Un chat roux sur le balcon

Somnolant en rond

Le vent bouleversant sa toison

 

 

 

 

 

 

Feuilles d’été séchées

Les beaux jours trop tôt passés

Meurent sur le pavé

 

Pluie incessante

Eté caché et manqué

Nos cœurs étonnés

 

 

Soleil torride

Clarté inquiétante

L’esprit l’alarme

 

 

 

 

 

Pluie persistante

Depuis des jours maintenant

Eté décevant

 

 

Sorti du maquis

Un chevreuil batifolait

Printemps du vallon

 

 

Il a son petit air meurtrier

Caressant son couteau

Mine de rien

 

 

 

 

 

J’ai entendu le mot

Comme une pierre dans l’étang

Jetée dans mon cerveau

 

 

 

 

 

Il neige dans la cour

Janvier se pose et repose

Bonheur dans mon cœur

 

Ile de la Cité

Hiver d’ardoises aux toits gris

Amour capital

 

 

 

 

Brume et brouillard

Perce le soleil d’Avril

Mon cœur en émoi

 

Luxembourg ocre roux

Plénitude de l’automne

Mon cœur assouvi

 

 

 

 

 

Froid subit subtil

Printemps nouveau chaotique

La chair étonnée

 

 

 

 

Les toits gris de l’Ile

Dans le printemps hésitant

A tomber par terre

 

La Conciergerie

Blanche Eclatante au printemps

Joie du renouveau

 

 

Bleuité du ciel

L’hiver glacial trop perdure

Les corbeaux croassent

 

 

 

 

 

Pêche suave

Goût parfait de la saison

Joie de la bouche

 

 

Jusqu’au Jugement Dernier

Témoin irrédentiste

Du vouloir être soi

 

 

A poil

Dans mes draps en lin

Ma vie est au poil

 

 

 

 

 

Tristesse de la cour

Béton armé désarmé

Subtile harmonie

 

 

Des bruits de balai

Saints de Glace à la Mi-Mai

Ma vie s’éclaircit

 

 

 

 

 

Planète en dérive

Hiver d’angoisse et de doute

Ma vie repliée

 

La nature végète

C’est l’hiver tout engourdi

Mon cœur s’épaissit

 

 

Hiver sans hiver

C’est la tuerie générale

La vie se contracte

 

 

 

 

 

 

La guerre est partout

Tout vivant est pourchassé

J’hésite à poursuivre

 

 

Le désert tremble

C’est la saison des horreurs

Mêmes des ruines s’affolent

 

 

Tonnerre et flocons

Rebours de toutes saisons

Mon âme hébétée

 

 

Soleil éclatant

Excursion dans le Quinzième

Ma vie renouvelée

 

 

 

 

 

Rafales déchainées

Lignes téléphoniques arrachées

Réseau disloqué

 

 

 

 

Jeanne Hyvrard

 

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Mise à jour : avril 2017